Lors de mon expo Marseillaise de juillet 2016 au Panier, galerie "La plume et la pointe", j'ai vu peu de monde mais la vie du quartier a emplit mon séjour...
Texte expo Marseille
Mon voyage au Panier!
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Quelques enfants chahutent à quelques mètres de moi, me regardant en coin et ne sachant vraiment que faire. On l'aborde ou pas, à coup de sabre ou de sourires et de questions ? Ce sont les questions qui vont à l'abordage, avec un peu de retenue pour jauger le navire à prendre. Très rapidement l'assaut est donné :
T'habites ici ? On t'a jamais vu ? C'est quoi sur les murs ? Pourquoi y'a des poissons dans les bouteilles ? C'est qui l'Ardèche ?
Le flot des assaillants est ininterrompu et ma cargaison les intrigue. Une fois à bord du navire chacun décrypte à sa manière les œuvres sur les murs, toujours avec ce coup d'oeil en coin fendu d'un sourire. C'est Poséidon “Je reviendrai“ qui emporte l'adhésion de mes pirates de quartier. Je m'engouffre dans la brèche causée par l'assaillant pour un petit cours d'histoire en y mêlant naufrages et combats épiques.
Le navire ennemi est devenu le compagnon de route. Tous les jours, assis sur ma petite chaise, ils m'entourent et me racontent eux aussi des histoires. L'oeil vigilant de la grand mère, toujours debout et droite comme un mât, n'est jamais bien loin. Cette belle vieille, mannequin en Tunisie dans les années 50 est la proue du quartier. A l'avant du grand navire, elle scrute les ruelles et les passages, recueillant les naufragés et ceux qui s'égarent.
Les enfant jouent au galeriste, ils pénètrent sur le pont et commentent aux touristes de passage les œuvres agrippées aux murs. Pour chaque commentaire ils saisissent mon regard, le visage fier et rayonnant et quand je les applaudis ils s'enfuient en riant dans les cours d'eau du quartier.
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Bouteilles à la mer |
Marseille 2016 |
Marseille 2016 |
Mon voyage au panier
En étant ici, assis sur ma petite chaise posée sur le fin trottoir, je pense à Blaise (le grand Cendrars) qui arpentait le monde et ces quartiers, et dont chaque page de ses livres était emplie de rencontres flamboyantes et furtives Il aurait pu décrire ces ruelles étroites sur lesquelles veillent des gardiens secs et nerveux, au verbe haut et à la chaleur vibrante, peut-être l'a t'il fait et je ne l'ai pas lu...Mon voisin d'en face, ébéniste, sourire permanent au visage, s'est embarqué dans mes bouteilles à la mer. La brandissant dans la rue il m'a évoqué tout l'avenir prometteur de son acquisition qui deviendra lampe, navire à voile ou que sais-je encore!
Les enfants aussi sont partis avec des bouteilles que je leur ai données. Ils ont disparu en piaillant avec des yeux lumineux tournés vers moi. Le lendemain, j'ai du donner mon avis sur les petits poissons que chacun d'entre eux avait dessiné, poissons destinés à une brocante impromptue qu'ils avaient décidé d'organiser. J'ai pris mon air le plus académique possible, jaugeant avec interêt et circonspection le travail fourni pour enfin donner mon accord avec le plus de sérieux possible. En quelques jours ces charmants petits gredins avaient récolté plus d'argent que moi avec leur brocante et ont pris un malin plaisir à me le faire savoir.